Plus de deux ans après la signature de l’accord avec Euroméditerranée, Bouygues Immobilier et Linkcity s’apprêtent à donner le coup d’envoi de ce projet de 250 000m² de plancher avec le lancement d’un premier îlot urbain
La signature d’un premier acte de vente d’îlot dans le quartier des Crottes et des travaux lancés pour un premier bâtiment, une série de permis de construire déposés, la présélection de quatre équipes dans le cadre du concours pour le futur ouvrage multifonctionnel (1 200 places de parking en silo et commerces), au nord du périmètre…Au cœur d’Euroméditerranée 2, l’écoquartier des Fabriques (250 000 m² de plancher sur 14 hectares), piloté par Bouygues Immobilier et Linkcity avec François Kern (kern+associés. architectes urbanistes), concepteur du projet urbain, va devenir réalité dans quelques mois. Une étape décisive après une longue mise au point et l’installation d’une centaine d’artisans dans le plus grand makerspace de France – « Ici Marseille » -, préfiguration de la fabrique urbaine collaborative qui doit émerger au sein de cet écoquartier. « 2020 va être un tournant de l’opération avec la mise en commercialisation des premiers programmes, la signature de promesses de ventes avec des investisseurs mais également le début des études opérationnelles de l’îlot phare », confirme Anne Villard, directrice de projet chez Linkcity.
Un premier îlot en partie Sud
Quartier Bougainville-Les Crottes, inclus dans l’accord cadre mais hors du périmètre des Fabriques, les travaux ont même déjà démarré pour la réalisation du nouveau foyer Adoma, 170 logements pour jeunes actifs. Un projet réalisé par Linkcity et signé de l’agence marseillaise Oh!Som Architectes.Au sud des Fabriques, les permis de construire de quatre projets lauréats des workshops organisés en 2019 sur plusieurs îlots du premier secteur d’aménagement Sud (50 000 m²) ont été déposés. Le coup d’envoi de ces programmes immobiliers devrait être donné dès cette année sur l’îlot 4C2 dont le permis a été déposé en premier, en octobre dernier. Il s’agit d’une opération de logements mixtes avec commerces de 16 000 m², portée par Bouygues Immobilier et Linkcity et confiée à Rémi Marciano et à l’agence Février-Carré. Elle sera précédée de la démolition de l’ancienne concession Peugeot et de travaux de dépollution et d’archéologie préventive. Au nord du site et mitoyen du marché aux puces, Bouygues Immobilier s’apprête également à lancer en début d’année la deuxième étape du concours pour l’ouvrage de stationnement multifonctionnel de 1 200 places.
Quatre équipes en lice pour l’ouvrage multifonctionnel
Il accueillera, sur du foncier qui faisait partie du marché aux puces, la relocalisation du supermarché Lidl mais aussi des équipements en toiture, à définir. Quatre équipes sont en compétition : Graam Architecture (Montreuil), spécialisée dans la construction bois, Bruther (Paris), Equerre d’Argent 2018, l’agence lilloise Tank et enfin Rudy Ricciotti. Le choix du lauréat est prévu à l’été.
Dans le même secteur, le groupement va commencer à plancher sur les projets et la conception détaillée de « l’îlot phare » des Fabriques, sur 50 000 m² de plancher supplémentaires. « Nous sommes en attente de la confirmation de la programmation de cet îlot par l’aménageur. Nous procéderons, comme pour l’îlot Sud, avec des workshops organisés avec différentes équipes d’architectes. Des jurys sont prévus fin 2020-début 2021 », détaille Anne Villard.L’aménageur – l’établissement public Euroméditerranée -, qui a en charge la maîtrise foncière et le vaste projet de réalisation des espaces publics des Fabriques (21 millions d’euros HT), est également mobilisé. « Nous sommes à 90% de maîtrise foncière et les 10% restants concernent un seul propriétaire. Et surtout nous avons réussi à intégrer le marché aux puces au projet des Fabriques, ce à quoi personne ne croyait au début », se félicite Hugues Parant, le directeur de l’EPA.
Une convention a en effet été passée entre Euroméditerranée, le propriétaire du site, André Coudert et la Banque des Territoires pour amorcer sa rénovation.
Faire émerger un écoquartier euro-méditerranéen
L’établissement public pilote également, en maîtrise d’ouvrage déléguée, le projet d’école prévu dans l’îlot « 5B3 ». L’appel à candidatures du concours est bouclé et cet équipement public est très attendu pour conforter l’aménagement de ce nouveau quartier.
Avec les Fabriques, la stratégie de l’établissement public est double : faire émerger un véritable écoquartier euro-méditerranéen avec des innovations urbaines fortes, testées préalablement sur site, mais aussi donner un coup d’accélérateur à la recomposition urbaine des 169 hectares de la zone péri-portuaire d’Euroméditerranée 2. Une stratégie qui va se traduire en 2020 par les premiers travaux de requalification de l’axe Cap Pinède Capitaine Gèze (un projet de 64,4 millions d’euros confié au paysagiste Michel Desvigne), par la désignation prochaine d’opérateurs pour l’aménagement de plusieurs îlots au sein du noyau villageois des Crottes, par le lancement d’une première tranche du parc de Bougainville… L’an passé, l’établissement public a confié à Stoa et Artelia le réaménagement des espaces publics du secteur Cazemajou-Vintimille qui bordent les deux premières grandes opérations de la ZAC Littorale (Smartseille et Les Fabriques).
Accélérer la deuxième phase d’Euroméditerranée
Deux accords cadres ont aussi été conclus avec l’agence Anyoji-Beltrando (mandataire) pour la coordination des projets immobiliers et des espaces publics sur les premiers secteurs opérationnels de l’extension (ZAC Littorale, village des Crottes, secteurs Sud) et avec François Leclercq (mandataire), auteur du plan guide des 169 hectares, pour la poursuite de la conception urbaine à l’Est (village du Canet, parc des Aygalades).
Même s’il reste des points durs (comme le transfert problématique de la gare de fret du Canet), l’établissement public veut atteindre rapidement une masse critique dans la transformation du territoire d’Euroméditerranée 2. « Contrairement à la première phase d’Euroméditerranée où il a fallu mener une restructuration urbaine fine, Euromediterranée 2 se caractérise par la présence de nombreuses friches et de très peu d’habitants. Le projet peut être accéléré et il est possible en une décennie de faire émerger un nouveau territoire urbain, au cœur de l’extension de l’OIN », assure Hugues Parant.
Les puces en voie de réaménagement
Les relations ont été compliquées au début entre Euroméditerranée et le propriétaire du marché aux puces mais elles ont évolué positivement. Ce marché qui s’étend sur 4 hectares autour d’une ancienne usine Alstom et qui reçoit 50 000 visiteurs par semaine est au centre du projet des Fabriques… tout en étant en dehors du périmètre d’intervention de l’aménageur et de la société XXL Marseille (Bouygues Immobilier et Linkcity). « Les puces peuvent être le cœur de vie de ce quartier, une zone d’attractivité et de centralité puissante mais en les requalifiant et en les faisant évoluer », explique l’architecte marseillais Renaud Tarrazi, à la tête de l’agence MAP. Pendant plus d’un an, il s’est penché sur le sujet, a mené des études et surtout a réussi à fédérer les acteurs et des partenaires autour d’un projet de modernisation. Une convention a été passée entre l’établissement public, le propriétaire du marché et la Banques des territoires pour enclencher cette requalification à laquelle est associée Constructa Asset Managment (volet commercial) et MAP (études architecturales). Le projet mis au point par MAP prévoit de réhabiliter la grande halle et de la doter de deux mezzanines en hauteur pour la logistique, d’installer en complément du marché alimentaire un food hall, de requalifier les espaces extérieurs (la rue centrale) en veillant à les intégrer aux espaces publics des Fabriques. Il est aussi prévu d’implanter des services et activités connexes (4 000 m²) en complément de l’existant (16 500 m² de surface de vente…), de développer le photovoltaïque, de traiter la question des déchets, etc. Le projet devrait s’étaler sur plusieurs années, en gardant le site en fonctionnement. Un permis de construire va être déposé en janvier et un permis de démolir a déjà été délivré.
Rémy Mario
Cadre de ville, janvier 2020
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